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On croit vivre.
Et il suffit d'un rien parfois pour que la vie bascule. Et la chute irrémédiable qui s'en suit.
Les voit-on autour de nous, tous ces corps tomber ?
La fatalité, disent-ils.
Qu'on n'y soit pour rien, nous, on le croit, quand on n'a rien vu, rien voulu voir. C'est pas moi c'est les autres.
On voudrait comprendre comment on en vient là, comment on finit par être broyé, lentement, comment certains finissent par être broyés, quand soi-même on se sent parfois au bord de sombrer.
Question de mental, disent-ils.
Ecrire serait débusquer ce qui se tient là, tout près, et échappe sans cesse, invisible.
Un peu moins invisible à qui l'écrit, tente de l'écrire.
Ecrire serait tenir à distance la violence qui menace de nous submerger. Lui donner une forme, des mots capables d'en rendre compte.
A quoi s'ajoute la crainte qu'écrire remplace vivre.
Femme à la nature morte dessine le portrait de celle qui, un matin, décide de ne plus subir et de laisser mari, enfants, maison.
C'est le portrait de Lisa, mouton égaré parmi les loups.
Et le sort qu'on lui réserve à l'aube du troisième millénaire.
Ce pourrait être une peinture : un assemblage de formes, de couleurs, de contrastes.
Un collage sous influence, celle d'un Rauschenberg, d'un Kiefer ou d'un Rebeyrolles.
C'est le portrait tracé par un narrateur, lui-même en plein doute, à partir de souvenirs et de ce que cette femme raconte, a bien voulu raconter, a préféré taire ou inventer, ce qu'il a fini par imaginer, reconstruire.
Une restitution forcément hasardeuse, contradictoire, trouée d'ellipses.
C'est la reconstitution d'une double chute et d'une seule rédemption.
Ce serait une fiction.
Peut-être.
J-P.
S.