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La rédaction des Droits coutumiers n'avait pas suscité grand enthousiasme auprès des indigènes. Néanmoins de nombreux Gabonais contribuèrent à l'essor des tribunaux coutumiers au Gabon et certains furent même institués juges par l'autorité coloniale. Léon M'BA, premier chef d'Etat gabonais (1960 - 1967), dont l'œuvre est ici analysée, fut l'un d'eux. Mais à la différence de ses pairs, il était polyglotte.
Cette aptitude lui valut d'être polyvalent au point d'intervenir dans de nombreuses affaires. Au surplus il rédigea l'Essai de Droit coutumier fang en 1936, mettant ainsi à la disposition des juges coutumiers du Gabon et de l'administration coloniale un des documents de travail dont ils avaient grandement besoin. Parti pour exposer les règles traditionnelles des Fang en matière civile, Léon M'BA déborde très vite cet objet.
Il dénonce subtilement la profusion des Droits coutumiers communautaires et interpelle l'autorité coloniale sur la nécessité de les faire gagner en unité, par la formation d'un Droit coutumier unique. Le paradigme matrimonial transposé au niveau des rapports intercommunautaires, puis amplifié, lui paraît l'une des voies à explorer. Appelant à adapter le Droit à l'évolution des mœurs et à la diversité des communautés en présence, Léon M'BA fait preuve d'anticipation : il énonce déjà l'esprit de la future loi civile gabonaise à défaut d'en écrire la lettre.
Mais c'est devenu chef d'Etat, bien plus tard, qu'il peut enfin passer des paroles aux actes. En effet, c'est par décret (Décret n°78/PR du 4 avril 1961), qu'il institue le Comité préparatoire du Code Civil gabonais dont l'œuvre historique est désormais connue.