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Au lendemain de la Grande Guerre, un jeune normalien, agrégé d'anglais, présente ses souvenirs de captivité outre-Rhin où il a été détenu en camp et forteresse de 1916 au début de 1919. Rien de bien original, dira-t-on, en cette époque où le dégoût des atrocités provoquées par l'impérialisme prussien fonde une tradition héroïque vouant à tout jamais " les boches " aux gémonies, et où tout est prétexte pour jeter le discrédit sur une nation condamnée à l'opprobre général : " l'Allemagne paiera ! ".
tel est alors le leitmotiv. Et pourtant, dans le sillage d'Anatole France, et anticipant Julien Benda (La trahison des clercs/1927), et Jean Renoir (La grande illusion/1937), Georges Connes (1890-1974) se refuse à faire chorus à la débauche de haine qui s'est emparée de la France. Il ose dans son ouvrage affirmer que les Allemands " sont des hommes et ont une âme " et, sans pour autant ménager " l'ennemi ", il cherche, en humaniste soucieux de l'avenir, à le comprendre.
Rien de surprenant dès lors à ce que, en dépit d'une rare clairvoyance qui le situe dans la meilleure tradition des Barbusse, Remarque, Latzko ou encore Heinrich Mann, son manuscrit ait été refusé par sept éditeurs. Pacifiste convaincu, Georges Connes ne cessera dès lors de militer pour une réconciliation franco-allemande, tout au moins jusqu'à l'arrivée au pouvoir des nazis, et salis se laisser séduire dans les années 30/44 par les sirènes de la collaboration.
Professeur de littérature anglaise et américaine à la Faculté des Lettres de Dijon, il rejoindra précocement la Résistance et sera même à la Libération choisi comme maire de la ville où il accueillera le général de Gaulle avec comme premier adjoint le chanoine Kir.
Mes pensées de L’autre épreuve.
Il y a presque vignt ans que j’ai découvert ce livre. La fille de Georges Connes était mon professeur de la langue française à Ohio University, E-U. Elle a publié une traduction anglaise en 2004, mais j’ai voulu une édition originale, que j’ai acheté d’une librairie en ligne.
Elle m’a dit du compte des éditeurs des années vignt qui ne voulaient pas publier ce livre. Je trouve que L’autre épreuve présente une perspective très humaine des allemands, un contraste frappant à coté de la colère et la haine que se présentaient à la Conférence de la Paix de 1919 (“La Paix Pretendue,” je l’appelle). Aujourd’hui, une siècle après la Grande Guerre, c’est bien plus facile à présenter des perspectives équilbrées de ces événements.
Je suis historien, et je m’intéresse à La Guerre ‘14-‘18. J’ai lu L’autre épreuve comme préparation pour enseigner un cours de l’histoire européene, et quelques uns de mes étudiants l’ont lu aussi. Moi, pendant que je le lisais je me souvenais du film classique La grande illusion! Enfin, j’ai prêté mon édition anglaise à un ami allemand (historien aussi), son grand-père était soldat de ‘14-’18. Il a apprecié la manière dont Georges Connes a présenté les allemands.