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Au XVIe et au XVIIe siècle - au seuil de la modernité -, les cultures occidentales paraissent hésiter, puis se décider entre un ordre " ancien " et un ordre " moderne " du regard. Le premier est dominé par les figures du même, de la présence, du lien, de la fascination - car voir c'est saisir ou être saisi-, et le second par les figures de l'autre, de l'absence, de la distinction, de la séparation.
Notre culture visuelle, notre manière d'habiter le regard est héritière de cette histoire aux multiples dimensions et péripéties.
Ce livre emprunte plusieurs parcours, retrouvant, sous l'ancienne écorce des mots, les témoignages innombrables servant le projet d'une histoire générale de l'œil et du regard : petit chemin du basilic ou grand chemin du téléscope, éblouissement mystique ou cécité lumineuse de la Raison ; l'œil du loup ou celui de la sorcière, l'œil de Satan, de Dieu ou l'œil de Nature, le regard en perspective du peintre ou de l'anatomiste, l'œil blessé des amants, l'œil de Kepler et le regard de Galilée, l'œil de Gracian qui voit tout et n'est vu de personne, l'œil solitaire de Descartes ou le regard enchanté de l'abbé Pluche.
Tous ces chemins conduisent en quelques lieux de convergence, où se dessine une ample cohérence.