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La question de l’union entre sagesse et bonheur se situe au cœur même de la tradition morale. Dans la perspective la plus traditionnelle, croître en sagesse revient automatiquement à augmenter son bonheur. La philosophie est ainsi la voie royale pour parvenir à un bonheur plus durable que dans la conception vulgaire, en détachant l’esprit des choses inessentielles et en l’amenant à connaître les vérités qui lui fourniront l’aliment le plus approprié à sa nature réelle.
Néanmoins, le lien analytique entre sagesse et bonheur a également été critiqué par la démonstration que l’effondrement de l’un des deux termes n’entraînait pas nécessairement l’effondrement de l’autre. Au premier chef de ces critiques se situent les sceptiques, qui de l’Antiquité à la période moderne s’accordent à nier la possibilité d’une connaissance réelle, tout en maintenant généralement la possibilité d’être heureux.
Inversement, cette accessibilité du bonheur a pu être critiquée sans que soit remise en question la connaissance elle-même : c’est ce que révèlent les philosophies tragiques, qui assimilent plutôt sagesse et souffrance. Par la diversité des contributions, qui puisent principalement dans les traditions ancienne et moderne, mais offrent également quelques perspectives contemporaines et non euro-centrées, le présent volume illustre l’affrontement de ces deux grands courants dans l’histoire de la philosophie, et permet de penser à nouveaux frais ce problème essentiel à la morale qu’est l’utilité ou l’inutilité de la connaissance pour être heureux.
Sigmund Freud, et surtout Jacques Lacan, m’ont apporté l’éclairage théorique nécessaire.