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"J'étais couché. J'étais dans la pénombre ou je fermais les
yeux. Car je ne voulais pas voir. On m'avait offert de regarder
mon coeur, projeté sur un écran, de le regarder battre. J'avais
refusé avec une véhémence qui avait surpris les docteurs; c'est
qu'ils ne m'offraient pas de me connaître mieux, .comme le
commandait l'oracle de Delphes, mais bien de constater que
celui-ci ne renvoyait qu'à un épiphénomène biologique.
Alors,
il parla. Mon coeur. Il parla et la conscience se tut. Il parla et
sa voix était celle de l'océan inlassable, épuisée par la
répétition, douloureuse mais pareille à la vague dans son
entêtement quand elle se brise et se couche dans le
chuintement. Je la devinais aveugle dans sa détermination
surhumaine, élémentaire - oui, l'océan - et si puissante bien
que sourde qu'elle couvrait les échanges des médecins dans la
pénombre.
Les chuchotements, les bruits alentour paraissaient
venus de mauvais comédiens indignes de cette voix qui régnait
seule sur une scène élémentaire et où je croyais entendre un
écho de la Genèse. Je savais que je ne pourrais plus l'oublier.
Je craignais de l'entendre désormais sans cesse et qu'elle ne
vînt à couvrir tous les bruits de la vie." Un voyage aux
frontières de la mort, suivi d'une renaissance éclatante.