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«Les chiens, c'est comme la chaleur du soleil, une illusion : ça n'existe pas. Des fois on pourrait croire, mais non. Mlle Edwina, pareil : un rire, une chevelure brune qui recouvre brusquement le visage, et puis plus rien, fumée. Je le sais. Je l'ai toujours su. D'ailleurs, ce parc est malsain. Les ramures sont malades. Hypertrophie. Je n'y suis pour rien. Leur enchevêtrement a quelque chose de crapuleux.
C'est peut-être pour cela que les grilles sont si hautes. Qu'est-ce qu'ils ont fait du ciel ? La lumière verdâtre pèse des tonnes.» Une écriture tranchante, puissante comme un flot de lave, au fil de laquelle des personnages grotesques et désespérés, fuyant les horreurs du monde, partent à la dérive... Chez Jean-Pierre Martinet, chaque mot trouve sa place juste. Point d'effets de style, seule l'émotion compte.
Martinet mon héros !
L'ombre des forêts est un texte limite, aux personnages faits de larmes et de cauchemars. Il y a Céleste, la bonne sans relief de Monsieur, écrivain raté et reclus qui entretient une étrange relation avec une lampe, "globe sale".
Il y a le duc de Reschwig, aveugle, qui plonge dans les poubelles à la recherche de bas de femmes. Et il y a Rose Poussière, alias Edwina Steiner. Prisonnière de son cerveau malade, personnage de souffre douleur pour toute l'humanité. Tous se croisent dans une ville imaginaire et tentent de supporter leur égarement sur terre. C'est sans espoir et très drôle à la fois, et vous aurez l'impression d'avoir pénétré dans un tableau de Goya. Magistral !