Biographie de Didier Comès
Didier Cornés naît pendant la Deuxième Guerre mondiale à
Sourbrodt, petit village germanophone du sud-est de la
Belgique. En 1942, la région est occupée par les Allemands et
intégrée au IIIe Reich. Le père de Dieter (il sera rebaptisé
Didier après la guerre) est germanophone ; sa mère, elle, parle
tantôt wallon tantôt français. Cela fait de lui ce qu'il appelle un
bâtard et qui transparaîtra dans son oeuvre.
Après des études
secondaires techniques à Malmedy, il se fait embaucher
comme dessinateur industriel dans une usine fabriquant des
machines pour le textile. Il y restera dix ans. Parallèlement,
Comès s'intéresse à la fois à la BD et à la musique. Il devient
percussionniste de jazz semi-professionnel et se produit dans
de nombreuses salles. Après avoir beaucoup tourné autour, il
finit par se lancer dans la bande dessinée en 1969, pour le
compte du Soir Jeunesse.
Suivront l'édition belge de Pilote (où
il commettra les Comèseries) et Le journal de Spirou, pour de
courts récits en compagnie de Paul Deliège. Travaillant à la
commande, Comès épouse tous les styles, privilégiant la
plupart du temps un graphisme humoristique influencé par les
maîtres du genre. C'est en 1973 que Comès entreprend son
premier long récit en couleurs, Le Dieu vivant, une aventure
d'Ergün L'Errant qui verra bientôt le jour en album.
Le style
graphique de Comès est, dans cette histoire, clairement
influencé par la nouvelle vague française de SF, Druillet en
tête. Entre-temps, Didier Comès aura contribué
épisodiquement au célèbre Trombonne Illustré, le supplément
d'Yvan Delporte encarté dans le magazine de Spirou, et
surtout, il aura réalisé sa première grande oeuvre. Paru en 76-
77 dans Tintin, L'Ombre du corbeau dévoile déjà l'univers
futur de l'auteur.
Délaissant l'humour et la caricature, il
propose un récit onirique et fantastique en choisissant pour
héros un soldat allemand dans les tranchées de 14-18.
Malheureusement, le lectorat du magazine n'est pas prêt pour
une histoire aussi adulte et la suite de L'Ombre du corbeau ne
verra pas le jour. C'est grâce à la création d'un autre magazine,
(A SUIVRE), que Didier Cornés va véritablement exploser à
la fin des années 70.
Dès 1979, il y publie ce qui sera son plus
grand succès, Silence. Ce livre, paru ensuite dans les romans
(A SUIVRE) et traduit dans de nombreuses langues, lui
vaudra la reconnaissance critique et publique. Comès y
délaisse la couleur, approchant désormais le dessin à travers
les masses du noir et du blanc, dans la plus pure filiation d'un
Milton Caniff et en osmose avec son ami Hugo Pratt.
Suivent
La Belette (81-82), Eva huis-clos fantastique paru en 85, qui
élargit volontairement la palette de l'auteur, L'Arbre-Coeur
(88), Iris (91), La Maison où rêvent les arbres (94), Les
Larmes du tigre (2000) et Dix de Der (2006), où Comès
revient sur un thème qui lui tient à coeur : la guerre – la
Seconde, cette fois. A travers une oeuvre dominée par le noir
et blanc et par des thématiques où coexistent le fantastique, le
paganisme et la philosophie, Comès s'est imposé comme l'un
des plus grands auteurs de bande dessinée belge de l'après-
guerre.