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Salvador Espriu (1913-1985) est sans conteste le plus grand poète catalan contemporain. Son destin d'écrivain se révèle précocement, à seize ans, lorsqu'il publie son premier texte — une suite de récits bibliques. Romans et nouvelles vont constituer alors l'essentiel d'une oeuvre en ébauche. La guerre civile, l'occultation de l'espoir, la détresse personnelle et collective devant la défaite, l'obsession de la mort l'amènent à se consacrer avant tout à la poésie et au théâtre.
Dès lors, la fidélité à l'histoire et à la langue de son pays — la Catalogne — l'intime relation à Arenys de Mar, le lieu matriciel, observatoire de la Méditerranée, animeront le coeur d'une oeuvre où l'engagement de l'individu se ressource à l'héritage de la tradition spirituelle de l'humanité. De l'Ancien Testament, de la tradition juive, des mystiques chrétiens, des classiques de l'Antiquité qu'il nous exorte à lire toute notre vie, le poète s'inspirera.
Et l'on comprend mieux alors pourquoi La Peau de taureau (1960) où il se fait prophète de son peuple dans sa longue marche d'exil à l'intérieur de Sepharad - l'Espagne —, pourquoi Les Rochers et la mer, le bleu (1981) son dernier livre, suite de cent proses autour des personnages de la mythologie grecque, confrontent le lecteur au sentiment de l'éternité.