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Il fut un temps où le jardin était catalogué soit à la française,
soit à l'anglaise, en référence aux réalisations prestigieuses des
deux puissances mondiales dominantes. Ce temps est révolu.
Gilles Clément et quelques créateurs de jardins paysagers sont
passés par là. Dans le cas de Gilles Clément, son "jardin
Planétaire", son "jardin en mouvement", son "éloge des
vagabondes", son plaidoyer pour le "tiers paysage" et ses
options pour une écologie humaniste ont contribué à casser les
stéréotypes, les façons étriquées et répétitives de penser les
jardins.
Il n'en reste pas moins que créer un jardin, puis le faire
vivre, n'est pas une simple affaire d'architecte, de paysagiste,
de technicien, de botaniste ou d'ingénieur. C'est avant tout
l'oeuvre d'un artiste. Quel bonheur et quel privilège de
fréquenter une école où le campus n'est pas fait de l'inévitable
pelouse pelée à ray grass, le chiendent à tout faire, degré zéro
de la créativité et de la biodiversité floristique et visuelle, mais
une sorte de méta-organisme vivant, changeant, vibrant,
fleurissant au gré des jours et des saisons.
Le jardin de l'Ecole
normale supérieure de Lyon se traverse quotidiennement pour
aller des salles de cours, des laboratoires de recherche, des
locaux de l'administration au restaurant, à la bibliothèque, au
court de tennis, aux résidences des élèves. Il est le coeur d'un
dispositif spatial conçu et pensé comme une sorte de cloître
laïc par ses premiers concepteurs. Objet à voir, il est aussi une
structure à comprendre et à vivre.
Des jardiniers passionnés et
compétents s'y emploient. Il reste à faire en sorte que tous les
utilisateurs de l'Ecole se l'approprient chacun selon sa
sensibilité pour qu'il ne soit pas qu'un décor, mais contribue à
l'identité d'un lieu pas comme les autres.