Avec Ragtime, qui fut aux Etats-Unis un des événements littéraires des années 70, E.L. Doctorow nous donnait un portrait inoubliable de l'Amérique des premières années du siècle, portrait où le réel se mêlait à l'imaginaire. Le plongeon lumme nous fait passer de l'Amérique déjà violente, mais encore insouciante, des années 1900-1914 à celle des années 30, au temps de la grande crise et de ses millions de chômeurs jetés sur les routes. Le hasard va amener un de ces déracinés, Joe, jusque dans le fastueux domaine qu'un multimillionnaire excentrique et mégalomane, F.W. Bennett, s'est fait construire au bord d'un lac des Adirondacks. Dans une ambiance étrange où les riches se heurtent aux pauvres, les éternels gagnants aux victimes, nées, se retrouvent, autour de Bennett, Warren Penfield, le poète alcoolique et bouffon qui rumine de secrets projets de vengeance, des gangsters et leurs égéries et enfin la propre femme de Bennett, l'aviatrice Lucinda. Joe envisagera tout, essaiera tout pour combattre Bennett et la société qu'il représente. Il songera tour à tour à l'assassinat, à la fuite, à la lutte syndicale, pour s'apercevoir finalement qu'il ne peut vaincre Bennett qu'en devenant lui-même un Bennett. A la fois roman et parabole, à la fois fascinant et provocant, Le plongeon lumme nous offre, comme l'a écrit le critique de Time, " une variation nouvelle sur un thème ancien : celui du Rêve américain, mis en musique par ce Cauchemar américain que fut la grande crise ".