En cours de chargement...
Les spéculations philosophiques sur la notion de temps ne se distinguent pas de notre imagination ordinaire car elles croient pouvoir le traiter comme une dimension première du monde, logiquement antérieure à tout ce que nous pouvons observer et concevoir, c'est-à-dire indépendante du changement. De ce renversement hâtif, qui conclut naïvement de l'unité du mot à l'unité de son objet, découle qu'on en parle toujours au singulier, comme si, en toute forme de notre rapport au monde, il s'agissait toujours du même objet.
L'examen attentif et sans préjugés de toutes les formes d'expérience irrécusables montre qu'on ne peut détacher la temporalité des formes de changement où elle figure. Il y a autant de formes de temporalité que de formes d'expérience. Il en résulte qu'on ne peut faire du temps une dimension logiquement antérieure à toute expérience. En outre, loin qu'on puisse en faire une entité ou une dimension positive de l'existence, tout ce que nous pouvons en saisir nous la montre séparation, distance, marque du non-être dans l'être.