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La France a le plus profond respect pour tout ce qui est
ennuyeux. Aussi le vulgarisateur arrive-t-il promptement à une
position: il passe homme grave du premier coup, à l'aide de
l'ennui qu'il dégage. Cette école est nombreuse. Le
vulgarisateur étend une idée d'idée dans un baquet de lieux
communs et débite mécaniquement cette effroyable mixtion
philosophicolittéraire dans des feuilles continues.
La page a
l'air d'être pleine, elle a l'air de contenir des idées; mais, quand
l'homme instruit y met le nez, il sent l'odeur des caves vides.
C'est profond, et il n'y a rien: l'intelligence s'y éteint comme
une chandelle dans un caveau sans air. Le rienologue est le
dieu de la bourgeoisie actuelle; il est à sa hauteur, il est propre,
il est net, il est sans accidents. Ce robinet d'eau chaude
glougloute et glouglouterait in saecula saeculorum sans
s'arrêter.
Honoré de Balzac, fin observateur des hommes et de
leurs entreprises, a dépeint il y a presque deux cents ans les
moeurs de la presse française avec une grande justesse dans
cette monographie. Aujourd'hui cette étude, avec ses variétés,
genres et sous-genres de journalistes, et ses axiomes qui
s'appliquent au système de la presse, n'a rien perdu de sa verve
et de sa pertinence. Sa lecture permet, à l'heure d'Internet, des
réseaux sociaux et des blogs, de reposer les questions des buts,
des moyens et des métamorphoses de la presse, cette grande
patronne de la modernité.