" Un jour, j'ai tout quitté pour devenir photographe de guerre. J'ai laissé mes amis, ma famille, mes convictions, mon appartement douillet pour chausser des rangers, porter quinze kilos de matériel sur l'épaule, courir sous les bombardements et dormir sous les abris. Dormir sans jamais vraiment dormir. La peur vissée au ventre, le boîtier à portée de la main, l'index sur le déclencheur... J'ai froid, j'ai chaud, j'ai faim, j'ai peur, je suis sale... Fallait pas y aller, fallait pas. J'y suis retournée. Toujours et tout le temps. Et j'ai aimé ça. On peut bien me demander pourquoi. Pourquoi la guerre, la violence, la misère, l'abandon ?... Parce qu'il y avait les départs mais aussi les retours, des miracles. Parce qu'au milieu des bombes, la vie continue quand même, l'envie d'une cigarette, un fou rire, des amours, une invitation à dîner lorsque la guerre sera finie. Samedi soir après la guerre... J'ai voulu apprendre à aimer la vie. C'est fait. "