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Se glisser dans le cerveau d'un homme qui perd la mémoire n'est pas chose aisée tant cette terrible affliction est encore un mystère. Michel Gros Dumaine y parvient magistralement en s'immisçant dans l'esprit lézardé de Simon dont la mémoire vacille. L'auteur sculpte des phrasés syncopés sur la tête d'une hampe créant avec ses mots une magnifique partition qu'il nous joue staccato. Tout au long du roman, il y pose son archet sans jamais quitter la corde.
Le rythme saccadé de son style nous entraîne dans l'instant de Simon errant dans cette maison blanche, "Une vieille carcasse abandonnée dans les sables" , face à la mer avec son flux et son reflux telle la mémoire de Simon où chaque embrun vient par vagues réveiller le passé. Un passé que l'auteur fait ressurgir, entre deux staccati, dans un concerto des quatre saisons. Celles de Simon ressuscitées par le souvenir de ceux qu'il a aimés.
Le printemps, l'enfance, le lever du soleil, l'été, la jeunesse, le soleil au zénith, l'automne, le temps des moissons, mais aussi celui des regrets. Enfin, l'hiver, le repos, la mort peut-être, en tout cas là où Simon ne sent plus la caresse du monde. Perdu dans l'infini où sa mémoire le porte. Staccato ex memoria, un magnifique roman à lire legato.