" Dans tous mes livres, (...) affirmait Zola, j'ai été en contact et échange avec les peintres (...). Les peintres m'ont aidé à peindre d'une manière neuve, littérairement. " C'est en partant de cet aveu que Patricia Carles, professeur de lettres, et Béatrice Desgranges, professeur de philosophie, ont reconstitué le musée imaginaire du romancier. Auteurs de nombreuses études sur Zola, elles démontrent, en partant du texte, que l'écrivain dramatise les œuvres de ses amis peintres : il décrit Gervaise d'après les Repasseuses de Degas, il donne à l'héroïne d'Une Page d'Amour les traits des élégantes de Renoir, il brosse les gares de La Bête Humaine à la manière de Monet... Car le romancier continue par la fiction la lutte qu'il a menée comme critique d'art : les Salons, dont on trouvera ici de larges extraits, disent son engagement contre l'académisme qui règne alors en maître dans les expositions officielles. L'Oeuvre, roman des apprentissages impressionnistes du peintre Claude, mi-Cézanne mi-Manet, fait la synthèse de cette époque de combat qui commence avec Le Déjeuner sur l'herbe et qui s'achève avec Seurat. duit pas aux couleurs de l'impressionnisme. Conformément à sa théorie des écrans, Zola multiplie les points de vue sur le monde : il raconte l'insurrection du Var contre Louis Napoléon Bonaparte à travers les toiles romantiques de Delacroix, il emprunte à Millet les paysans réalistes de La Terre, il entraîne Gervaise dans une inoubliable visite du Louvre. Près de 160 animations parcourent ce musée virtuel de 300 tableaux où la Dentellière de Vermeer côtoie les estampes japonaises, où le Titien côtoie Bruegel et Géricault. Une introduction d'Henri Mitterand, professeur à la Columbia University de New York, éminent spécialiste du romancier, présente Zola en son temps, éclairant les multiples facettes de cet ami de Cézanne qui défendit Dreyfus comme il avait défendu Manet.