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« Les Romains ne voulaient à aucun prix sortir de leur retranchement pour combattre la cavalerie ennemie : s'ils restèrent dans leur camp, ce fut pour être à l'abri de cette cavalerie formidable à laquelle ils ne pouvaient résister dans les batailles. « D'un autre côté, les Carthaginois n'auraient pas osé, sans leur cavalerie, attaquer le retranchement et le fossé des Romains, dont l'infanterie ne le cédait en rien à la leur, mais ils avaient cependant nombre de raisons de ne pas demeurer trop longtemps en face d'elle sur le même terrain.
Au surplus, les Carthaginois ne pouvaient pas faire venir de loin le ravitaillement en foin et en orge nécessaire à un si grand nombre de chevaux de selle et de charge. Et, par-dessus tout, ils vivaient dans la crainte continuelle de l'arrivée de renforts romains qui, en s'établissant non loin d'eux, pourraient les couper de tout ravitaillement. « Annibal, estimant pour toutes ces raisons qu'il ne lui appartenait pas de faire lever le siège par la force, eut recours à un autre expédient : apparaître soudain devant Rome sans que le mouvement de son armée eût été remarqué.
Il attendait plusieurs résultats de cette tentative : en jetant ainsi l'épouvante dans Rome, il aurait peut-être l'occasion d'un coup de main fructueux ; au pis aller, sa feinte obligerait Appius, soit à se retirer de devant Capoue pour voler au secours de sa patrie, soit à diviser son armée, auquel cas il lui serait aisé de battre et ceux qui se porteraient au secours et ceux qui demeureraient au siège. »