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Le gros était là, étendu sur mon palier, le doigt encore dans la position de l'appuyeur de sonnette. Il avait la tête en arrière, sa langue violacée pendait, comme celle d'un premier communiant devant l'Eucharistie. Il ne portait pas de veste. Il était en chemise, et arborait des bretelles tricolores ornées d'oreilles de lapin. Un policier myope, les lunettes sur le front, dessinait les contours du mort en faisant crânement crisser une craie crispante.
Était-ce lui qu'on appelait le procédurier ? Je n'ai jamais rien compris au fonctionnement de la police. Il était mort le ventripotent, avant d'avoir enfoncé le petit téton. Je n'avais rien entendu. Le commissaire Blanchou, du commissariat de la rue Faidherbe, lisait, perplexe, le petit mot jauni que j'avais collé sur ma porte : sonnez fort, braves gens, défoulez-vous et partez, ici, il n'y a rien à boire.
« Comment peut-on écrire de pareilles âneries ? » J'avais vaguement honte, comme un type qui se fait faire une pipe par sa petite sour. Enfin ! Est-ce que je connaissais le défunt ? Bien sûr, je le connaissais. C'était Staline. Enfin Staline en plus petit, avec moins de moyens.