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« Où suis-je ? Où vais-je ? Comment y vais-je ? » La nécessité de nous orienter dans l'espace pour y projeter nos déplacements physiques ou virtuels a donné aux cartes une importance cruciale pour notre existence et notre survie. À mi-chemin entre le dessin d'art et l'objet technique, la carte est un artefact intellectuel dont l'efficacité tient à sa capacité à modéliser l'espace et à le rendre intelligible.
Cartographier, c'est produire à la fois un espace et une connaissance sur cet espace par le biais de représentations spatiales, visuelles et graphiques. Or la modélisation n'est pas l'apanage des seuls géographes, elle est aussi au cour de la littérature qui est toujours libre de configurer des espaces, de créer des mondes et de générer ainsi de la connaissance. Qu'elle confronte le savoir occidental de l'espace à celui d'autres cultures (Chatwin, Aira) ou qu'elle réfléchisse l'acte cartographique lui-même (Humboldt, Zischler, Houellebecq, Moretti, Borges, Carroll), le savoir qu'elle produit excède la représentation sensible et affective du lieu parce qu'il est aussi réflexif et critique.
Laurence Dahan-Gaida est professeure de littérature comparée à l'université de Franche-Comté.
Elle est rédactrice en chef de la revue en ligne "Epistémocritique" et directrice de la collection du même nom.