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Instauré dans les années 1960 par les autorités sportives internationales, le test de féminité vise à distinguer les « vraies femmes » des autres. Quels autres ? Des hommes qui s'immisceraient en catégorie « Dames » pour y remporter des victoires faciles ? Les annales du sport ne gardent pas trace d'un tel cas. En revanche, bien des sportives ont été interdites de compétition car elles ne remplissaient pas les critères censés définir la féminité.
Ces derniers ont varié au cours du temps : la féminité fut d'abord certifiée sur la base d'un examen gynécologique, puis chromosomique, puis hormonal.
Mais la conformation anatomique des organes sexuels est parfois jugée « ambiguë », il existe d'autres formules chromosomiques possibles que « XX » et « XY », et des femmes certifiées « normales » à la suite d'un examen anatomique ou d'une analyse chromosomique peuvent avoir des taux de testostérone supérieurs à la moyenne.
Le travail d'Anaïs Bohuon cerne une évidence qui embarrasse les autorités sportives : les caractéristiques sexuées s'expriment selon des modalités diverses et la partition des individus en deux catégories de sexe seulement est une fiction idéologique.
Son livre révèle aussi que cette vision de la féminité a partie liée avec une histoire politique : celle de l'opposition entre l'Est et l'Ouest, du temps de la Guerre froide, et celle qui organise le partage inéquitable entre pays du Nord et du Sud. Dans le monde du sport, les « vraies femmes » restent conformes à l'idéal occidental de la féminité. La suspicion se porte sur « les autres », qui s'écartent de ce stéréotype.