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Nous sommes à un moment de l'Histoire qui pose un défi radicalement nouveau à l'espèce humaine : pour la première fois, son prodigieux dynamisme se heurte aux limites de la biosphére et met en danger son avenir. Vivre ce moment signifie que nous devons trouver collectivement les moyens d'orienter différemment cette énergie humaine et cette volonté de progrès. C'est un défi magnifique, mais redoutable.
Or, une classe dirigeante prédatrice et cupide, gaspillant ses prébendes, mésusant du pouvoir, fait obstacle au changement de cap qui s'impose urgemment.
Elle ne porte aucun projet, n'est animée d'aucun idéal, ne délivre aucune parole mobilisatrice. Après avoir triomphé du soviétisme, l'idéologie néolibérale ne sait plus que s'autocélébrer. Presque toutes les sphères de pouvoir et d'influence sont soumises à ce pseudo réalisme, qui prétend que toute alternative est impossible et que la seule voie imaginable est celle qui conduit à accroitre toujours plus la richesse.
Cette représentation du monde n'est pas seulement sinistre, elle est aveugle.
Elle méconnaît la puissance explosive de l'injustice, sous-estime la gravité de l'empoisonnement de la biosphère, promeut l'abaissement des libertés publiques. Elle est indifférente à la dégradation des conditions de vie de la majorité des hommes et des femmes, consent à voir dilapider les chances de survie des générations futures.
Pour l'auteur de ces pages incisives et bie informées, on ne résoudra pas la crise écologique sans s'attaquer à la crise sociale concomitante.
Elles sont intimement liées. Ce sont aujourd'hui les riches qui menacent la planète.
Hervé Kempf est un des journalistes d'environnement les plus réputés. Depuis près de vingt ans, il travaille à faire reconnaître l'écologie comme un secteur d'information à part entière, et a défriché nombre de dossiers sur le changement climatique, le nucléaire, la biodiversité ou les OGM. Après avoir fondé Reporterre, il a travaillé à Courrier International, à La Recherche, et maintenant au Monde.