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Que faire de l'aventure communiste? En quoi nous concerne-t-elle encore aujourd'hui? Depuis la chute du mur de Berlin et l'intégration de la Chine et des pays de l'ex-Union soviétique à l'économie mondialisée, on considère souvent l'épisode communiste comme un simple accroc dans le déroulement de l'Histoire, une sorte de régression dans l'avancée irrésistible du capitalisme. Et pourtant, si le communisme n'est plus l'horizon indépassable de notre temps, comme Sartre a pu un jour le déclarer, la nécessité de repenser le commun, elle, se manifeste avec plus d'insistance que jamais.
Pour ceux qui éprouvent, de manière plus ou moins confuse et intermittente, le besoin de renouer avec l'action politique pour contrer l'isolement et l'impuissance générés par la barbarie néolibérale, la question la plus urgente de notre époque serait peut-être : comment sauver le commun du communisme?
Car, dans notre universelle schizophrénie, nous avons besoin de nouvelles manières de faire communiquer les gestes et les idées.
Nous avons besoin de dehors plus subtils, de zones d'opacité mieux partagées, pour franchir les abîmes au-dessus desquels les mondes diurnes sont érigés. Du fond de nos âmes précarisées, nous avons besoin de réapprendre l'art d'accorder ensemble nos actes et nos pensées afin d'éviter leur capture par la segmentation toujours plus fine des marchés. Nous avons besoin de nous réapproprier la réalité de nos inclinations et de nos désirs avant qu'ils ne soient algorithmiquement convertis en matière sombre du capitalisme.
Nous avons, en somme, besoin de faire de nous-mêmes les précurseurs d'un nouveau type de communisme: un communisme de la résonance sensible, plutôt qu'un communisme de la volonté.