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Tout comme Colette où les amusements de bon ton, Dévergondages fut publié clandestinement par Maurice Duflou. Il évoqua ainsi l'auteur dans une préface : « Disparu récemment, en emportant les lourds regrets de son entourage, l'auteur de tant d'ouvres galantes nous fait, dans cet ouvrage, le récit de quelques-unes de ses aventures personnelles. Celles-ci, consignées dans des notes strictement intimes, mettent en scène des héroïnes dont la plupart vivent encore et n'ont nullement renoncé aux plus douces joies de l'existence.
Aussi, avons-nous dû masquer l'identité de ces délicieuses femmes sous des noms d'emprunt. C'est d'ailleurs l'une d'elles, dont nous ne citerons même pas le pseudonyme, qui nous a confié le manuscrit que nous présentons ici. Ces récits sont des fragments d'une véritable autobiographie et ils tirent leur grand intérêt de leur parfaite sincérité. »
Ce roman très érotique a été attribuéà Renée Dunan, journaliste et critique littéraire des années 1930.
Son ouvre est à la fois dense et éclectique : elle a publié près d'une cinquantaine de textes, de la science-fiction à l'érotisme en passant par l'ésotérisme, le roman policier ainsi que quelques essais dont La Philosophie de René Boylesne. Mais avant tout elle participa à de nombreuses revues littéraires et plutôt engagées de l'entre-deux-guerres.
Dadaïste, anarchiste et pacifiste, ce fut une féministe avant l'heure.
A une époque où les femmes n'avaient pas encore obtenu le droit de vote, elle voulait vivre totalement son existence de femme en assumant librement sa sexualité. Elle fut l'une des toutes premières femmes qui osa publier des romans érotiques. Grand amateur de pseudonymes, elle en usa tant dans ses écrits journalistiques (Luce Borromée, A. R. Lysa, Ethel Mac Sing.) que dans ses romans (Georges Dunan, Renée Caméra, Louise Dormienne, Spaddy).
Pascal Pia indique dans Les Livres de l'Enfer qu'elle a également rédigé la préface de la seconde édition des Stupra d'Arthur Rimbaud en 1925, Stupra qui figure aujourd'hui dans l'édition de ses ouvres complètes : « Les Stupra sont précédées d'une courte notice intitulée Mouvements de Rimbaud, signée Marcelle La Pompe, et due à Renée Dunan. »
Née en 1892 à Avignon, elle débute sa carrière de critique littéraire en 1919 et tient des chroniques dans de nombreuses revues dirigées par Henri Barbusse, Daniel Rops ou Victor Marguerite.
Sa participation au mouvement Dada l'amène à rencontrer André Breton, Philippe Soupault, Louis Aragon, Paul Eluard, Picabia, et àécrire dans leurs revues. En collaborant au Disque Vert, on pouvait trouver ses articles aux côtés de ceux d'Antonin Arthaud, Henri Michaud, Max Jacob, Albert Cohen, .
Dans Dévergondages, on retrouve les éléments de Colette ou les amusements de bon ton, la même obscénité jubilatoire.
Ici, l'héroïne se consacre à l'initiation de jolies jeunes femmes qui deviendront ses disciples : Alice, Françoise, Clotilde et les autres sont désirables et bientôt convaincues par les amours saphiques. L'intensité, la violence et la force de la langue, la diversité du vocabulaire, la recherche littéraire dévoilent le véritable écrivain. Un style, une écriture et le parfum des années 1930, voilà tout ce que l'on trouve dans les ouvrages de Renée Dunan.
Talentueuse et libre, on ne peut mieux la cerner qu'en la citant : « Il faut oser dire n'importe quoi ! La morale est ailleurs que là où on l'imagine. »
Collection l'Enfer de la Bibliothèque nationale de France. (Enfer de la BNF, cote n°1190 et 1242).
Roman numérique, 71 pages, couverture en couleurs.