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On n'a pas attendu Tolkien ou les romantiques pour inventer un Moyen Âge de fantaisie. À la cour de Louis XIV, les nobles jouent aux chevaliers et combattent des géants. Dans les romans, à l'opéra, dans les contes, on croise Clovis et Charlemagne, des fées et des troubadours. Le passé médiéval est un enjeu de pouvoir : il prouve l'ancienneté d'une famille, légitime les prétentions d'une couronne. C'est aussi un objet de plaisirs : plaisirs coupables de lecteurs (et surtout de lectrices) décrits comme de nouveaux Don Quichotte, fêtes royales, divertissements de l'opéra.
En imaginant son passé médiéval, le XVIIe siècle définit les plaisirs acceptables et ceux qui ne le sont pas, débat des pouvoirs de la fiction et instaure une coupure durable entre l'esthétique et le politique.
Marine Roussillon est maîtresse de conférences en littérature française à l'Université d'Artois. Ancienne élève de l'École Normale Supérieure, elle a été Junior Research Fellow à l'Université d'Oxford et professeure de français au lycée.
Ses recherches portent sur les usages politiques des lettres et des arts, en particulier à la cour de Louis XIV.