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Pour écrire son ouvrage consacré à la vie et à la mort des habitants d'Avrillé, de 1532 à nos jours, Jacques Thomé a utilisé les registres de cette paroisse angevine. La source est bien choisie et elle est exploitée avec méthode, ce qui garantit la va!eur scientifique des résultats obtenus.
Où est la douceur angevine ? A cette question, Jacques Thomé apporte la même réponse que François Lebrun, il y a quelques années, dans son grand ouvrage sur Les hommes et la mort en Anjou aux XVIIe et XVIIIe siècles.
Naître, vivre et mourir à Avrillé sous l'Ancien Régime, et pendant de nombreuses années du XIXe siècle, c'est d'abord lutter pour survivre. La population est régulièrement frappée par des crises aiguës de mortalité, provoquées par les famines et les épidémies, parfois par les violences de la guerre. Elle est aussi durement frappée par la mort des enfants, en particulier celle des nourrissons venus de la ville voisine.
Le travail de Jacques Thomé constitue la première étude scientifique complète consacrée à la mise en nourrice des enfants d'Angers ; il nous montre que ce phénomène s'est développé au cours du siècle des Lumières dans la plupart des milieux urbains et qu'il est resté très largement répandu au XIXe siècle. Mais, comme la prise en charge d'un enfant en nourrice constitue un revenu d'appoint appréciable pour les paysans les plus pauvres, dans bien des cas ces enfants sont accueillis dans de très mauvaises conditions.
Pour beaucoup, c'est la mort, peu de temps après l'arrivée chez la nourrice. L'historien a raison de parler de l'« hécatombe des Innocents ». Jacques Thomé évoque aussi « près de cinq siècles de joies et de souffrances, d'angoisses et de réconforts, de médiocrités et de grandeurs », ce qui lui permet de présenter les transformations d'Avrillé de 1532 à nos jours et surtout l'évolution des mentalités des habitants : modification de l'âge au mariage, de la date de ce mariage, des conditions dans lesquelles on choisit son conjoint, diminution du nombre d'enfants par famille.
L'ouvrage de Jacques Thomé emporte l'adhésion.
Il constitue une utile contribution à la connaissance de l'histoire de l'Anjou.
Jacques MAILLARD.