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On ne saurait parler sérieusement du suicide dans la littérature anglaise de la Renaissance en l'isolant des réalités historiques. C'est pourquoi l'auteur s'est efforcé de le replacer dans un cadre beaucoup plus large. Après avoir rappelé les conceptions d'aujourd'hui, il analyse celles qui ont prévalu avant la Renaissance, de façon à établir des perspectives. Puis il examine les idées, tant en Europe qu'en Grande-Bretagne, du début du XVIe siècle à la fin du XVIIe.
Ces idées ne changent guère, les novateurs restent isolés. Quant à la pratique, il ne semble pas que l'on se soit tué beaucoup plus à la Renaissance qu'auparavant. Au contraire, les suicides se multiplient dans la littérature anglaise. On commence par accumuler des matériaux, pris dans l'Antiquité, dans les nouvelles et dans le théâtre médiéval. Les grands auteurs dépeignent le suicide, notamment Sidney et Spenser.
Mais le suicide se concentre surtout au théâtre, comme chez Kyd et chez Marlowe. Shakespeare occupe le centre de cette étude. Le suicide est dans son ouvre une conduite humaine dont le sens est mis en lumière : accomplissement pour Roméo et Juliette, apothéose pour Antoine et Cléopâtre, autopunition pour Othello. Shakespeare rappelle Montaigne : il manifeste pour le suicide la plus grande compréhension et la plus grande lucidité critique.
Dans le théâtre jacobéen, à une prolifération du suicide correspond un certain affadissement. Finalement, le suicide est d'abord un moyen. Il sert souvent à exprimer un enseignement. Il révèle aussi un mécontentement mal défini. Il manifeste un phénomène de catharsis : chez l'auteur, il peut empêcher un geste fatal, chez le spectateur il libère des tendances normalement refoulées. La littérature exerce ainsi une fonction de prévention.