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Paul Valery avait écrit un célèbre « Traité du Narcisse » à l'époque où il ne connaissait ni Franz Kafka, ni les affres de la personnalité poussées à leur comble. Michel-Henri Jaworski, en proie à l'identité, au relativisme, à l'inutile et douloureuse introspection, exploite ce thème en lui donnant une dimension tragique : il ne s'agit plus, aujourd'hui, de définir, mais de fuir les définitions paralysantes.
Nous découvrons donc un Narcisse - un Je, plusieurs Moi - qui se ressasse, se dévisage, se dissout, se reconstitue sans cesse dans les images brisées. Ce Narcisse-là est conforme à nos incertitudes et à la prolifération de nos autopsies de l'âme. On peut trouver en lui un symbole de vies multiples, ou de morts tout aussi innombrables ; la leçon de Samuel Beckett a bien porté. Michel-Henri Jaworski fait des débuts qu'on peut qualifier d'essentiels dans le domaine du verbe coûteux : oui, qui lui coûte et nous coûte.