En cours de chargement...
Étonnant et triste destin que celui d'Élisa Mercour ! Née à Nantes, en 1809, dans des conditions machiavéliques, elle va très rapidement se montrer une enfant géniale. Grâce à une inoubliable soirée au Théâtre Graslin, elle connaîtra sa première gloire en publiant un poème dans un Journal nantais en 1825. C'est à peine âgée de dix-huit ans, qu'elle fait éditer son premier recueil de poésies. Une telle précocité étonne le monde littéraire de l'époque : aucun poète n'a publié aussi jeune ; ni Vigny, ni Lamartine, ni même Victor Hugo, n'ont fait mieux au même âge ! Les journaux ne cessent d'encenser cette unique Bretonne qui ait osé se dire poète dans sa province, et se présenter - un volume à la main - au regard de ses compatriotes stupéfaits...
Dorénavant, son nom sera associé aux quelques rares femmes poètes du moment : Delphine Gay, Marcelline Desbordes-Valmore, Amable Tastu. Chateaubriand en personne complimentera cette nouvelle Sapho, tandis que Victor Hugo lui écrira : « Votre place est déjà marquée parmi les femmes les plus distinguées de ce temps ». La gloire est là ! Élisa Mercour ne veut pas la laisser s'échapper ! Bientôt, Nantes lui semble trop petit et mesquin.
Paris, au contraire, lui apparaît comme le seul théâtre possible où pourrait s'accomplir sa destinée littéraire, avec des appuis suffisants. En 1828, accompagnée de sa mère, Élisa Mercour quitte Nantes. Très vite, les salons parisiens vont lui ouvrir en grand leurs portes, afin de connaître cette muse armoricaine. Sous l'aile de la Duchesse d'Abrantès, de Madame Récamier et du docteur Alibert, elle découvrira la gloire et les honneurs du roi...
Mais aussi, l'expérience du suicide, le choléra, la Révolution de Juillet et, enfin, l'ingratitude et la misère. Avide de célébrité, elle tentera un dernier pari : être la première femme à écrire une tragédie ! Elle y parviendra à l'âge de vingt-deux ans, mais mourra quelque temps plus tard de la tuberculose, en 1835. Dans un Nantes très vivant, puis dans le Paris de 1830, on découvre l'étrange destin de cette poétesse nantaise, qui crut pouvoir vivre de sa plume et qui en mourut.
Élisa Mercour ne fut pas une héroïne du romantisme, elle fut le romantisme à l'état pur, dans sa vie comme dans son ouvre.