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Ils n'ont plus d'ennemi. Plus de raison d'être. Et pourtant, on ne les a jamais autant vus. « Ils », ce sont les militaires, présents partout, de la Bosnie au Rwanda, et surtout au journal de 20 heures. Ils servent à tout, et d'abord à jouer les infirmiers bouche-trous de l'humanitaire. Ce n'est plus l'Armée française, c'est « Militaires sans frontières ». La dernière organisation à la mode, chargée par des gouvernements dépassés d'inventer, au débotté, la politique étrangère de la France.
Sans ordre précis, hors du contrôle de la nation qui les sollicite tant, les militaires s'autorisent à réfléchir. Parfois aigris, toujours avides de reconnaissance, scandalisés par la société des « affaires », leurs officiers se sentent pousser des ailes. Ils se veulent modernes, c'est-à-dire « américains », se préoccupent des banlieues, des mafias et de l'immigration. Proposent à notre admiration quelques belles figures de héros, façon « général courage ».
Et se prennent à rêver, en cette fin d'époque, d'un pouvoir qui serait à prendre.