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Cet essai, accessible à un large public, propose une autre manière de voir l'activité philosophique. L'auteur en définit le projet ainsi : La pensée d'un philosophe ne s'exprime pas seulement par des contenus de pensée intellectuels. Elle se manifeste aussi à travers des manières d'agir et de réagir, des tons, des styles, des postures, des tenues, des attitudes - qu'on tient souvent pour négligeables, et qui constituent pourtant une partie essentielle de ce qui se fait et se dit en philosophie.
Sous le niveau des arguments, des exposés, des positions, on voit apparaître, quand on y prête attention, une autre cohérence. C'est à cet aspect, trop souvent négligé de l'activité des philosophes, qu'est consacré ce livre. Jacques Schlanger part d'une analyse de l'usage que les philosophes font de leur propre personne au sein de leur ouvre. Il définit trois types de l'usage de soi en philosophie : un je paradigmatique illustré par Montaigne, et par le Descartes du Discours, qui a pour but de délivrer un enseignement ; un je existentiel, représenté par Kierkegaard ou Nietzsche, qui s'inscrit dans une visée esthétique de l'ouvre ; et un je transcendantal, mis en scène par exemple par Kant, qui correspond à une intention scientifique en philosophie.
L'auteur en vient ensuite à distinguer la voix du philosophe dans le corps du texte, et la manière dont il apparaît dans le prétexte ou préface : quel que soit le statut de la parole en première personne dans l'ouvre, il semble que le penseur y avance toujours masqué, puisque l'usage de son je y a toujours une fonction précise, bien que l'auteur revendique au contraire le ton le plus impersonnel. Essai sur la position du philosophe, réflexion sur les lectures philosophiques, sur le rapport à la tradition, ce livre évoque, tour à tour, Descartes, Spinoza, Nietzsche, Wittgenstein.
Leur étude n'est pas systématique ; Jacques Schlanger sonde, prélève, note, au fil d'un essai fin, très lisible, car dépourvu de toute technicité philosophique.