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« Allez dire à votre maître que nous sommes ici par la volonté du peuple et que nous n'en sortirons que par la force des baïonnettes. » C'est par cette apostrophe adressée au marquis de Dreux-Brézé que Honoré-Gabriel Riquetti, comte de Mirabeau, alors député du Tiers État, se rendit célèbre le 23 juin 1789 à l'Assemblée nationale.
Homme politique et écrivain, orateur brillant, d'une intelligence remarquable, il participa à la rédaction de La Déclaration des droits de l'homme et du citoyen et ouvra à la libéralisation de la presse avec la création de sa gazette, Le Courrier de Provence, dans laquelle il publiait le compte rendu des séances de l'Assemblée nationale.
Interdite dès les premières livraisons, elle parut cependant jusqu'en septembre 1791. Ce grand tribun, d'une laideur fascinante, demeure un redoutable séducteur; il eut une vie privée très chaotique, prologue de son ouvre libertine.
Hic et Hec ou L'Art de varier les plaisirs de l'amour, ne fut publié qu'après la mort de Mirabeau. En effet, revenu aux affaires, il préféra sans doute passer sous silence ce petit chef-d'ouvre de littérature coquine.
Dans leur catalogue de 1919, Apollinaire, Fleuret et Perceau nous confirment cette opinion : « Si Hic et Hec est réellement de Mirabeau, il faut croire qu'après l'avoir confiéà un libraire, l'amant de Sophie fit défense qu'on le publiât. Le grand tribun n'avait plus besoin de sa plume pour vivre. Le libraire conserva sans doute une copie du manuscrit et le fit paraître après la mort de Mirabeau. »
Mais depuis, tous les bibliographes de littérature érotique attribuent sans équivoque ce roman à Mirabeau et dans son Dictionnaire des ouvres érotiques (1971) Pascal Pia écrit: "Roman attribuéà Honoré-Gabriel Riquetti, comte de Mirabeau.
Publié en 1798. - Histoire "édifiante et véritable" du charmant Hic et Hec qui, tout jeune, connut son premier plaisir en recevant les verges d'un père jésuite. Ils en vinrent vite aux pratiques homosexuelles. Puis, il fut placé comme précepteur du fils d'une charmante femme, prompte à s'abandonner et à s'animer. Quand l'époux les découvrit, au lieu de s'emporter, il se joignit à eux: pédérastie, figures de groupe, sodomie, la belle dame découvrant avec ravissement qu' « à défaut de porte cochère, on peut entrer par le guichet ».
La jeune et belle servante est bientôt déflorée, initiée à la volupté et admise aux plaisirs du trio. Tous ces amis aiment augmenter leur jouissance par la fustigation. »
L'ouvre érotique de Mirabeau est empreinte d'une savoureuse atmosphère de libertinage, celui du XVIIIe siècle, époque où les esprits éclairés tenaient pour droit naturel et inaliénable la recherche du plaisir physique, au même titre que celui du bonheur ou de la liberté.
En cette fin de siècle où la machine à vapeur vient de rugir, où le premier aérostat de Messieurs de Montgolfier vient de s'élever dans le ciel et où Diderot continue de rédiger L'Encyclopédie (à laquelle participa Mirabeau), ces écrits coquins nous enseignent que le Bien et le Beau sont les principes d'une morale de la nature, et que, pour les femmes et les hommes libres, la recherche consciente et joyeuse de la volupté donne du sens à l'existence.
Collection l'Enfer de la Bibliothèque nationale de France. (Enfer de la BNF, cote n° 671-672).
Roman illustré numérique (eBook à télécharger), 75 pages, 12 illustrations en noir et blanc anonymes, couverture en couleurs et en noir et blanc.