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Le Club Méditerranée est la seule organisation en France qui partage avec le Parti communiste l'étrange privilège de ne laisser personne indifférent. On est pour ou on est contre, sans trop savoir pourquoi. Comme Cap Kennedy ou Baïkonour, l'organisation de ces conquérants de l'espace lointain des plages, de la mer et du rêve, qui nous promettent le soleil - et non pas, du moins dans l'immédiat, la lune est environnée de mystères.
Qui sait qu'elle n'était, en 1950, qu'une poignée de joyeux lurons découvrant « que tous les tracas sont solubles dans l'eau salée de mer », inventant l'art de ne rien faire et décidant que les vacances, ce doit être le temps de redevenir sauvage, de s'entr'aimer librement, d'être « gentils » les uns avec les autres et de faire la fête même si ce n'est pas tous les jours dimanche ? C'était génial.
Une preuve : c'est devenu un modèle cent fois imité, un mythe, le creuset d'inventions pour modes nouvelles, habitudes nouvelles et utopies dont quelques-unes parfois se réalisent et puis, finalement, une fois cette société secrète transformée en société anonyme, une bonne affaire en Bourse. L'histoire du Club Méditerranée ? Une épopée qui se mue parfois en légende. De l'imagination à foison, de la débrouillardise, de l'improvisation, un état d'esprit, de l'enthousiasme, des colères homériques, des virages sur les chapeaux de roues, des sommets éblouissants, des marécages redoutables, l'image d'une possible société future aussi bien que le refuge d'une masse d'évadés qui démissionnent entre les mains d'une organisation-tutelle : bref, un concentré de civilisation moderne dont l'histoire est un peu celle de notre temps.
Raconter cette histoire, ce n'est pas toute l'ambition de ce livre vraiment « G. M. » (gentiment méchant). Elle est aussi de revenir sans cesse sur cette grande question qui se pose aujourd'hui pour les vacances comme pour tout le reste de notre vie quotidienne : le bonheur qu'on achète sur catalogue, en tranches prêtes-à-consommer, peut-il toujours être le bonheur ?