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L'engagement politique d'un écrivain n'est-il qu'un fourvoiement, un élément secondaire, comme le suggèrent certains biographes, enclins à en réduire la part et la signification, pour ne s'attacher qu'à son ouvre ? La vie et l'ouvre d'un écrivain sont étroitement imbriquées, et ce n'est pas par hasard ou par irresponsabilité que Drieu La Rochelle se choisit fasciste, ni qu'il se suicide en mars 1945.
À cette date, il constate définitivement le leurre de son engagement. Le drame personnel de Drieu est en effet d'avoir cherché à concilier ce qui est sans doute inconciliable : d'une part, la croyance affirmée dès ses premiers écrits en un idéal destructeur, une apologie de la guerre, de la violence, de la mort - qui ne pouvait le mener qu'au fascisme - et, d'autre part, une recherche esthétique, la construction d'une ouvre.
Cette étude ne veut ni défendre ni condamner l'itinéraire de Drieu. Il s'agit ici de comprendre, à travers un exemple significatif, comment se forment, chez un intellectuel, les mythes qui contribuent à l'idéologie fasciste ; d'étudier la force de l'imaginaire dans la constitution du fascisme, le rôle, la fascination que l'histoire peut exercer de façon trouble sur un homme. Cette contribution à l'histoire des idées reste, aujourd'hui plus que jamais, nécessaire.