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L'association de deux mots aussi antinomiques que déraison et philosophique pour caractériser l'anorexie mentale, traduit l'ambiguïté de cette maladie. Les comportements, les obsessions, le déni de la dénutrition, la résistance au traitement même, signent la maladie mentale. Pourtant sous ce masque, transparaissent des pensées et des conduites spécifiques de la puberté féminine normale. L'anorexie mentale plonge ses racines dans les angoisses existentielles de l'adolescente ; comme si la fuite dans l'anorexie était la seule protection contre le vertige inacceptable que font naître les idées de liberté, de sexualité, de vieillissement et de mort.
Le contrôle du temps par la suspension et la ritualisation des désirs conduit à une profonde régression, à la fois voulue et subie. L'ambivalence des liens de dépendance avec les parents, la mère en particulier, participent à cette impossible nécessité d'affronter la crise identitaire pubertaire. Une telle lecture humaniste ne s'oppose pas aux interprétations psychanalytiques mais les complète. Elle fournit aux familles et aux soignants un outil de compréhension et d'action pour tenter de combattre cette terrible maladie.