En cours de chargement...
Dans ce roman sans concession, au rythme entêtant, la narratrice nous fait vivre chaque étape de sa mutation et celles de son entourage. Ridicule. Je tire machinalement sur ma jupe en m'observant dans la glace, rien n'y fait, j'ai toujours autant l'air d'un clown. Moi qui porte des Converses et des jeans élimés depuis que je suis née, ma nouvelle tenue féminine ne me sied pas comme un gant. Je tire encore sur le tissu léger mais en vain : mes genoux m'indisposent, m'agacent, ils sont vraiment trop visibles et je n'ai pas pour habitude de les voir.
Ces deux petites bosses sur mes jambes sont comme un corps étranger. Je suis vendeuse. Je vends des casseroles et des moulins à poivre dans une boutique pour bourgeoises ménagères de plus de cinquante ans. J'ai raté mon bac, mes études, ma vie plus simplement. J'ai toujours pensé que le meilleur restait à venir, mais aujourd'hui mon âme de vieille fille se reflète dans tous les ustensiles en inox que je vends.
Le manque d'amour rend vieille et moche, bien plus assurément que la cigarette, l'alcool ou l'exposition prolongée au soleil. La narratrice est une jeune femme pas très jolie, pas très fute-fute, mais qui a envie d'un homme à elle, pour elle. Malgré ses efforts : Internet, bars branchés, elle n'attire personne et s'étiole dans son manque de sexe et d'amour jusqu'au jour où... elle invente, au hasard d'une énième beuverie, un élixir de jouissance à base de plantes et d'alcool qui va complètement bouleverser le regard que les hommes portent sur elle, les attirant comme des mouches.
Mais on ne passe pas facilement de la disette à l'abondance et la narratrice va se perdre dans ce trop-plein de sexe qui l'enivre. Cette addiction au sexe, Mélanie Muller va nous la faire partager avec une franchise exceptionnelle, et nous faire comprendre ce qui, parfois, peut perdre les femmes...