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Vers le milieu du XIXe siècle, la France et l'Angleterre connaissent une crise sociale profonde. Avec l'industrialisation, la population des pauvres s'est déplacée vers les villes et apparaît aux citadins comme une menace. Le traitement à demi carcéral et à demi charitable auquel les miséreux sont déjà soumis est insatisfaisant aux yeux des classes moyennes et supérieures. Un traitement plus humain s'impose à travers la philanthropie, manifestation magnanime d'une élite laïque et bienfaisante, susceptible de créer des "rapports heureux et naturels" avec les classes inférieures.
Les hommes des milieux privilégiés s'avisent alors du fait que leurs épouses et leurs filles, symboles du bonheur familial et de la douceur féminine, sont les plus aptes à apaiser les relations entre classes. Penseurs et philosophes leur attribuent des `qualités spéciales' appropriées qui les destinent `naturellement' à cette tâche. Dès lors, les associations philanthropiques, que l'on aurait pu croire capables de contribuer à l'émancipation féminine, se révèlent à l'examen de leur fonctionnement imprégnées d'un paternalisme insidieux en Grande-Bretagne et patent en France.
L'avancée féminine ne viendra pas de ce côté mais d'autres femmes généreuses, agissant indépendamment de leur prétendue nature et de leur féminité. Elles lutteront pour leurs droits plutôt que pour leurs vertus, vouées par leur simple humanité à n'être que des "femmes sans qualité". La dimension patriotique introduite par la guerre de 1914 s'avère comme un nouvel obstacle à une émancipation radicale des femmes.