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L'Esprit des lois s'attache à certaines des lois à caractère
liberticide votées depuis 1981 (date de l'arrivée de la gauche au
pouvoir, moment symbolique concentrant beaucoup d'espoirs
humanistes). On peut considérer que l'atteinte aux libertés
commence, d'une part, dès que les droits constitutionnels de
l'individu sont attaqués et, d'autre part, à partir du moment où
une loi/un décret donne pouvoir ou tout pouvoir à un petit nombre
de recueillir des informations sur, ou de disposer de la vie de
quelqu'un en fonction d'une raison supérieure, qu'elle soit d'État
ou non.
FB
De Frédéric Dumond, nous avons publié deux textes : We
are under attack (dans les formes brèves) et récemmentAd hominem (Lien -> #9782814501676),
variation sur lieu et temps. Dans les deux cas, la scansion, la
répétition sont utilisées comme outils - liés à la performance
orale, à l'intervention scénique - pour décrypter un point de
société, et y imposer parole.
Avec L'Esprit des lois, Frédéric Dumond s'embarque dans
un projet d'une autre ampleur, où le support numérique intervient
dès la conception du livre.
D'abord, le point de friction : les libertés individuelles,
telles que mises en cause par des lois récentes, touchant à l'ordre
même de la communauté, sa régulation, parfois avec violence
(fichier EDVIGE, centres de rétention), ou la philosophie même de
ce qui nous rapproche (le suffrage universel, les lois sur la
communication).
Sur ce point de friction s'établit la langue qui cherche et qui
proteste.
C'est la voix narrateur, où on retrouve scansion,
récurrences, vers libre, accumulations. Cette voix narrateur ne
s'embarrasse pas d'expliquer. Elle s'installe dans ce territoire,
et de poser le fait de langue interroge bien sûr, d'abord, qui la
profère.
Et dans ce point de friction, donc, des accumulations :
parce qu'on travaille au même endroit de cette friction de la
langue et du monde, parce que ce fait de société nous détermine
dans notre temps, Frédéric Dumond installe, à la fin de chacune de
ses variations, une sorte de journal, juste marquage du temps.
Alors renvoyant la langue sur son univers-source : ce que je
dis a effet réel sur mes jours, et voici les jours.
Mais remplaçantétrangement la profération par une continuité, la surface
plastique, devenue quasi indifférenciée, de la langue. Le livre
alors une sorte de miroitement, qui s'éloigne, et dans lequel nous
prendrons un autre biais pour à nouveau entrer.
Enfin, et parce que le numérique permet de naviguer de façon
interactive sans contrainte, le substrat : la langue poétique
emmène jusque dans le livre ce qu'elle documente.
On parle du
fichier EDVIGE : on produit les textes de lois, on rassemble
les discussions parlementaires. On reparcourt l'univers des langues
mortes, des débats, on produit les articles, la réflexion, les
analyses sociologue. Vous n'êtes pas forcé de tout lire :
simplement, si on souhaite convoquer, ou simplement changer
son propre territoire de lecture, tout est mis à disposition.
Il se trouve cependant, àproduire ces textes qui nous
régissent, mais ne sortent pas de leur sphère politique ou
juridique, des cercles de pouvoir, que le statut même de la colère,
ou de notre revendication au monde, change.
Merci donc à Frédéric Dumond de nous confier ce travail.
En ces
temps de fissuration du sarkozysme, c'est un terrain salubre. Et
qui réaffirme avant tout la force de la langue.
Ad hominem (Lien -> #9782814501676).