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« Le Cambodge, pays des Khmers, antique royaume paysan, a pour fatalité sa situation géographique tout contre le Vietnam.
Viennent les guerres indochinoises. Après la France, les États-Unis s'attaquent au Vietnam communiste. Le Cambodge neutre est emporté dans la tempête. Pour l'atteindre, l'Amérique n'hésite pas à lui passer sur le corps et à le piétiner. Cette tragédie engendre une tragédie plus amère encore.
Fuyant l'Amérique, le peuple khmer se retrouve dans les bras meurtriers des Khmers rouges, effrayants nourrissons de l'idéologie communiste. De 1975 à 1979, le peuple khmer descend les degrés de l'enfer Pol Pot.
Voici que l'Histoire doit devenir Théâtre. Dans le passage d'un genre à l'autre la vérité (historique ici) ne change pas. Ce qui change c'est le rythme. Créer pour le théâtre c'est d'abord se soumettre à l'urgence.
Alors il faut écrire à l'immédiat. Au théâtre, le destin bat très vite, au rythme du cour. À chaque battement (une scène), la vie risque d'être perdue.
Le Prince Sihanouk vit sur la terre comme sur une scène de théâtre. Il prend le monde entier à part. Il se montre tel qu'il est. Et il montre les autres tels qu'ils sont. Il a fait sienne la malice shakespearienne : « All the world's a stage. »
1955-1979 : notre pièce dure 24 ans en quelques heures.
Il y a 50 tableaux. Tous sont fictifs. Tous auraient pu se passer en réalité. »
Hélène Cixous