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« Je vous écris du milieu des sables du désert. Seul et isolé au cour de cette immense contrée de désolation d'où si peu d'explorateurs ont eu le bonheur de revenir, ce n'est pas sans émotion que je pense à la patrie... » En avril 1887, Camille Douls griffonne ces lignes à l'attention du président de la Société des lettres de l'Aveyron. Quelques mois plus tôt, cet Aveyronnais de 22 ans a quitté la France pour découvrir l'une des dernières régions vierges du monde, au Sahara occidental.
Il s'est converti à l'Islam, il a appris l'arabe pour marcher sur les traces de René Caillié, d'Oscar Lentz et d'Henri Duveyrier. Avec audace et courage. A peine débarqué sur la côte, les pillards l'ont enchaîné. Devenu l'esclave d'une tribu de Maures, il a survécu miraculeusement au supplice du sable avant de traverser la vallée de la Saguiet el Hamra, « séjour mythique des hommes bleus du désert » pour reprendre l'expression de J.
M. G. Le Clézio qui a signé l'introduction de ce bel ouvrage d'Albert Roussanne. Voulant échapper à la condition d'esclave, il a promis au chef Ibrahim d'épouser sa fille. Après ce voyage, le jeune explorateur cherche à repartir : « Le Sahara magnétise, fascine comme une maîtresse odieuse et adorée. Quand on s'y voit lentement mourir de soif et de fièvre, on le maudit, et à Paris, devant un bon feu, les pieds dans les pantoufles, on n'a plus d'autre idée que de s'y retrouver en pleine lutte, en plein danger... » Lors de sa deuxième expédition, cet assoiffé d'absolu succombe sous les coups des Touaregs le 6 février 1889.
Vie brève et exaltée, aventure unique, mort exemplaire...