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Monsieur Théodore Ivainer pouvait, dans sa recherche, se prévaloir d'une double qualification : d'une part, une connaissance méditative et critique de tout ce que la logique, l'épistémologie et la philosophie modernes ont écrit de meilleur ; de l'autre, une expérience presque professionnelle de la pratique judiciaire, si bien que les espèces se sont présentées à lui spontanément pour illustrer ses démonstrations et leur enlever toute aridité.
Dans la lecture d'une ouvre aussi inventive, les rencontres heureuses ne se comptent pas : tantôt c'est le rajeunissement d'une notion classique (telle, en procédure, la notion du fait pertinent) ; tantôt c'est une observation qui frappe par son imprévu (pour qui donc le juge rédige-t-il ses motifs ? d'abord pour le perdant ; on ne pensait guère à lui). Mais allons à l'essentiel. L'essentiel, c'est la consécration doctrinale de cette inconnue ou méconnue, l'interprétation des faits, sour Cendrillon de l'Exégèse.
Interpréter les faits, pourtant, rien ne nous est plus familier dans la vie quotidienne. Un poing levé, une main tendue, un ciel couvert, des indices en hausse, une douleur du corps à gauche ou à droite - il nous faut bien attribuer un sens à tous ces phénomènes, sous peine de demeurer indéfiniment paralysés. Et c'est ce que nous faisons, d'instinct ou par coutume apprise. Mais c'est qu'il s'agit d'une interprétation des faits en fait.
L'interprétation des faits en droit et pour le droit ne saurait se satisfaire du même empirisme. À l'originalité d'avoir redécouvert le concept, Monsieur Ivainer a uni l'éminent mérite de le structurer scientifiquement et de nous proposer, pour nous en servir, une méthode. Extraits de la préface de Jean Carbonnier