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Dans Aristote au Mont-Saint-Michel, Sylvain Gouguenheim prétend réfuter ce qu'il nomme une vulgate : le rôle des Arabes dans la formation de l'Europe latine. Celle-ci aurait reçu la pensée grecque de chrétiens orientaux puis des traducteurs gréco-latins. Ce livre amène les médiévistes à s'interroger sur la méthode historique et la déontologie des historiens, en adoptant différents points de vue : histoire de la philosophie et des sciences, histoire sociale, codicologie (Jacques de Venise)...
Al-Kindi et al-Farabi sont de remarquables connaisseurs d'Aristote ; Avicenne a accompli une percée décisive en métaphysique par la distinction de l'essence et de l'existence ; en mathématiques et sciences physiques, la créativité des auteurs arabophones est, pour les spécialistes, incontestable. Quant au rôle d'intermédiaire attribue au Mont-Saint-Michel, il relève de la fable : Gouguenheim ignore tout de la production et de la circulation des manuscrits.
Qu'un éditeur prestigieux ait fait paraitre un pareil livre conduit les médiévistes à s'interroger sur la formation et la diffusion de leur savoir : eux dont les recherches sont financées par des fonds publics, doivent se faire entendre des qu'un dès leur divague. Le présent ouvrage introduit de la rationalité et de la sérénité dans les débats interculturels. Il s'adresse à ceux qu'intéressent le dialogue des cultures, aux professeurs du secondaire qui, charges d'un enseignement sur ce thème, ont été déconcertés.