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Chassé mais vénéré depuis la préhistoire, l'ours n'est certes pas un animal ordinaire. Les parois des grottes paléolithiques, les traditions populaires de maints pays jusqu'à la vogue moderne des ours en peluche, l'attestent suffisamment. Capable de se dresser sur ses pattes postérieures, l'ours semble mystérieusement proche des hommes, et les montreurs d'ours tsiganes ou ariégeois ont naguère exploité ce curieux cousinage.
Faits divers ou légendes nous le montrent même séducteur ou ravisseur de femmes, et parfois père de quelque Jean-de-l'Ours à la vigueur exceptionnelle. Affronté à l'épieu ou au couteau, l'ours fut longtemps pour ceux qui le traquaient un adversaire redoutable. Et de nombreuses chansons de geste, d'anciens rites - de guerre ou de chasse - prouvent que sa force fut souvent considérée comme une puissance surnaturelle.
Lié à la liberté sauvage, à la force vitale, l'ours l'est aussi à la fécondité. Au sortir de son sommeil hivernal, le fameux « pet de l'ours » annoncerait le souffle du printemps, et même, faisant du fauve un messager de l'au-delà, délivrerait l'âme des enfants à naître durant l'année nouvelle. Disparu aujourd'hui de nos contrées d'Europe, car chassé par les hommes et la civilisation, l'ours, à la silhouette à la fois inquiétante et bonhomme, et dont l'image demeure ancrée dans notre mémoire collective, conserve encore pour nous tout son prestige.