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La différence stendhalienne n'a cessé de déconcerter ses éditeurs. Stendhal brouille la frontière entre livre et manuscrit : il complète, corrige, réécrit la première édition de La Chartreuse de Parme et nous lègue un texte pluriel, en devenir - impubliable ? Cette édition relève le défi. Établie à partir du texte de 1839, enrichie des notes, ajouts et retraits collectés sur tous les exemplaires annotés par Stendhal, elle se rapproche de cette Chartreuse de 1860 en trois volumes à laquelle il songeait.
Nous avons conservé les fantaisies orthographiques de son italien, les étrangetés de sa phrase organisée à partir d'une ponctuation audacieuse et inimitable, la coulée de son paragraphe et de sa page. Roman miraculeux, roman exemplaire, La Chartreuse éclate d'un vouloir-vivre joyeux et tragique. Dans l'Italie du XIXe siècle, la réalité s'élève d'elle-même au fabuleux, à l'aventure ; l'histoire confine au romanesque, à l'opéra bouffe, à la comédie de cour.
Stendhal nous parle d'héroïsme, à travers les figures du sublime passionnel que sont la vengeance, l'inceste, le tyrannicide, et de la naïveté d'un héros à « l'air cornichon ».