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La folie occupe une place privilégiée dans l'univers de Jacques Ferron. C'est que le docteur avait travaillé seize mois (1970-1971) comme omnipraticien au sein de l'hôpital psychiatrique Saint-Jean-de-Dieu de Montréal. Volontairement affecté à la salle Sainte-Rita, section réservée aux « femmes folles » où il avait, dit-il, son « ciel » et ses « quartiers », il a côtoyé des êtres dysfonctionnels et fantastiques qui se trouvaient à la limite des personnages de fiction.
L'immense conteur en lui a trouvé là une nourriture considérable qu'il transportera, avec une affection bienveillante, à travers toute son ouvre.
Ce recueil de quinze textes - récits, souvenirs, chroniques, choses vues et entendues - montre encore une fois comment la plume de l'intelligent docteur sert ici à saisir à bras le corps la misère et le malheur de vivre ainsi à l'écart du monde. La fêlure des femmes qu'il soigne pouvait-elle rejoindre la sienne propre ? Personne n'a oublié que Nelligan, à qui, plus jeune, Jacques Ferron a déjà rendu visite, y a passé des années sombres entre folie et oubli.
« Le pas de Gamelin », le texte inaugural, très largement autobiographique, est pour plusieurs l'un des moments forts de toute son entreprise littéraire.