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Publier, un demi-siècle plus tard, une ouvre écrite dans la ferveur de l'adolescence, et s'étonner qu'elle ait gardé toute sa fraîcheur et son mystère, alors qu'on la croyait trouble et un peu vénéneuse, cela n'arrive qu'aux poètes (et n'oublions pas que Paul Damarix compte parmi les meilleurs). Est-ce à cause du sujet ? Nous en avons, depuis, vu bien d'autres, et qui n'avaient certes pas la même pureté, la même grâce.
Quoi de plus terrible, et de plus délicieux à la fois, au sortir de l'enfance, que de tomber amoureux d'un archange musicien ? Et lorsque cet archange, qui n'avait jusque-là, comme il se doit, pas de sexe, se sent normalement attiré par une femme, quel déchirement pour l'autre, tout à coup découronné, dépossédé... Ces ambiguïtés de l'extrême jeunesse sont ici évoquées avec une grande pudeur et beaucoup de charme, et ce n'est pas par hasard que Paul Damarix leur a choisi, pour cadre, les beaux paysages de Clara d'Ellébeuse et d'Almaïde d'Etremont.
Mais, bien plus qu'à Francis Jammes, c'est à François Mauriac que nous pensons, au Mauriac qui écrivait Le jeune homme, son essai le plus révélateur peut-être, parce qu'il y avait mis la part la plus douloureuse, la plus nostalgique de lui-même. Et, sans aucun doute, la plus secrète. Récit, roman, confession ? Quelle importance ? Ce n'est pas le poids, le genre, ni la longueur qui font les ouvres de qualité, mais le style et le consentement immédiat du lecteur, sa complicité.
L'un des premiers et non des moindres, Marcel Arland a tout de suite aimé le manuscrit de ce petit livre, tout comme, après lui, Robert Sabatier. Ce sont là de bons juges, n'est-ce pas ?