En cours de chargement...
Le XVIIIe siècle a beau avoir été le siècle de « la guerre en dentelles », les complots contre le pouvoir y sont loin d'être aussi anodins que la politesse et les égards, de mise entre gens du monde, pourraient le laisser supposer. Si la conspiration, dite de Cellamare - du nom de l'ambassadeur d'Espagne à la cour de France - avait triomphé, la dynastie légitime aurait peut-être été détrônée au profit de la branche espagnole des Bourbons.
L'enjeu n'était donc pas négligeable. Mais que l'affaire, survenant à la mort de Louis XIV, ait été menée, à Paris du moins, par une femme, une jolie femme, imprègne cette révolte traditionnelle des Grands contre la monarchie, d'un parfum de boudoir qui en a trop longtemps dissimulé la gravité. Et c'est pourquoi on saura gré à Pierre Labracherie et François Millepierres d'en avoir souligné les aspects dramatiques, tout en lui conservant sa saveur si particulière.
Leur récit est circonstancié, érudit, mais toujours brillant, et d'un charme parfois irrésistible. Les jeux de la duchesse du Maine ne constituent pas, d'ailleurs, toute la conspiration de Cellamare. Celle-ci se virilise, pourrait-on dire, et se durcit quand elle se transporte dans la rude Bretagne, où la graine de violence lève aisément. Ici, moins de combinaisons subtiles, mais des enlèvements, des échauffourées, des attentats, des rendez-vous nocturnes dans les clairières où retentit le cri de la chouette : bref, tous les éléments véridiques d'un bon roman à la manière d'Alexandre Dumas (qui n'a pas manqué, d'ailleurs, de l'écrire).
Au total, une affaire aussi compliquée que troublante. Elle retiendra particulièrement l'attention de ceux qui soupçonnaient déjà que « la douceur de vivre » de l'Ancien Régime tournait quelquefois à l'aigre.