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L'humanisme semble aujourd'hui rentrer en grâce. Au cours des dernières décennies, on l'a jugé abstrait, utopique, hypocrite, insipide ; tantôt produit démodé du libéralisme bourgeois, tantôt configuration temporaire du savoir, périssable « comme une figure tracée sur le sable ». Micheline Tison-Braun nous l'a montré résultant d'une tendance permanente de l'esprit humain à dépasser le donné matériel, historique, biologique.
Néanmoins, l'existence d'une telle aspiration n'est pas une garantie de sa réalisation objective dans les institutions et la culture. Précaire, elle demeure livrée aux circonstances et à la volonté des hommes. La crise de l'humanisme a montré, en son temps, l'affaiblissement progressif de cette volonté dans le climat hostile de la société technocratique. Les écrivains étudiés ici dénoncent tous l'« aliénation », le « déracinement », l'appauvrissement spirituel et l'oppression sociale qui ont défiguré le monde moderne ; mais quand il s'agit de proposer des remèdes, la plupart d'entre eux ne savent qu'osciller entre ces deux formes opposées de pathologie sociale que sont le culte de l'autorité et l'anarchisme irresponsable, l'un et l'autre dangereux pour la liberté et pour la pensée.
C'est à la période 1890-1914 qu'était consacré le premier tome (épuisé) de cette ample étude dont nous donnons ici un reprint revu et corrigé.