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Dans Grands soirs et petits matins, documentaire consacré à Mai 68 par William Klein, un garçon de café prend la parole pendant les assemblées générales à l'Odéon : il exprime à la fois son désespoir de « n'avoir rien fait » et son désir de commencer enfin à penser par lui-même. Pourquoi semblable prise de parole est-elle inimaginable dans la France d'aujourd'hui ? Comment analyser cet empêchement de penser qui s'est abattu sur la France - et plus largement sur l'Europe - depuis une trentaine d'années ? Que nous est-il arrivé pour que le désir de penser ne nous anime plus, ou si peu, et pour que nous soyons ainsi soumis à l'emprise de ce que j'ai nommé la dé-pensée ? Pour comprendre cet événement, il faut tout d'abord analyser le « trouble de la pensée » qui nous a saisis, tant à l'échelle mondiale (les crises et la catastrophe japonaise de Fukushima, et le nouvel impensable auquel nous sommes confrontés) que nationale (l'actuel « malaise dans la sublimation », sensible à l'école).
Il s'agit ensuite de décrire le nouveau paradigme qui nous enserre : comment le cogito se remodèle-t-il ? comment une nouvelle anthropologie tente-t-elle d'évacuer les apports et ouvertures de la seconde moitié du XXe siècle ? comment les neuro-sciences tentent-elles d'éradiquer le psychisme et la psychanalyse ? Face à cette disparition d'un espace de liberté pour que se déploie la pensée, il convient d'interroger l'avenir de la pensée critique et tenter d'apporter de nouvelles propositions, visant à instaurer une résistance au présent qui vient.