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Chaque année, le chiffre d'affaires du trafic des drogues interdites atteint, dans le monde, environ 300 milliards de dollars, dont 122 milliards pour l'héroïne, la cocaïne et le cannabis vendus en Europe et aux États-Unis. Plus que les dépenses en essence des automobilistes des pays développés, avant impôt. Semblables au pétrole, par leur origine, au Sud, par l'essentiel de leurs bénéfices, réalisés au Nord, et par leur dimension politique, aujourd'hui capitale, les drogues interdites, plus encore que la marée noire, répandent la mort et empoisonnent la société tout entière, comme les toxicomanes.
Contre cette marée blanche, les États tentent d'élever une digue, construite sur l'interdiction totale. Quelle en est l'efficacité, quelle est la solidité de ses fondements économiques, sur quel édifice institutionnel s'appuient les politiques de répression ? À partir d'une réflexion sur les méthodes économiques, malheureusement si performantes, des trafiquants, cet ouvrage s'efforce de repérer les articulations de ce tout économique, juridique, historique, politique, culturel et psychique que forme la drogue.
Démarche ambitieuse, mais indispensable pour éviter de tomber sous l'emprise d'une nouvelle dictature. Si le pouvoir est aujourd'hui dans la seringue, il ne suffit plus de prôner sans fin la désintoxication : ailleurs, des expériences ont existé, qui ont su vaincre la fatalité de la dépendance.