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La Guerre de Succession n'a pas eu lieu. Les sept semaines qui s'écoulent - du 27 avril au 15 juin 1969 - pourraient s'intituler « L'Élysée sans péril ». Le régicide référendaire se termine par le couronnement du dauphin. Pour n'avoir pas respecté la règle du jeu présidentiel, l'opposition ouvre une voie royale aux épigones du gaullisme.
À gauche, les différends stratégiques et les querelles de chapelle s'enchevêtrent.
L'appareil socialiste barre la route à François Mitterrand, la Convention récuse Alain Savary, le PC torpille Pierre Mendès France, tandis qu'en flagrante candidature, Gaston Defferre déjoue les plans savants de Guy Mollet. En rivalité avec Michel Rocard, Alain Krivine et Jacques Duclos, déclaré de corvée de candidature par son parti. Disloquée, la Gauche laisse le champ libre au centro-républicanisme débonnaire d'Alain Poher.
En revanche, le camp gaulliste refait son unité. Pendant que Valéry Giscard d'Estaing tergiverse et que René Capitant hésite, Georges Pompidou brûle les étapes et impose son « destin national ».
Jeu des partis, qui contribuent à la ratification des candidatures, à l'animation des campagnes et au soutien post-électoral des gouvernants. Crédibilité des projets : la plausibilité du programme dépendant largement du profil présidentiel retenu : arbitre des élégances parlementaires ou animateur de l'action gouvernementale.
Fiabilité des candidats : cette mise en confiance tournant au concours de vertus, privées ou publiques, et se fondant sur des techniques de communication de masse qui privilégient l'image personnelle du candidat. Agrégé de droit public et de science politique à 25 ans, professeur à la Faculté de droit d'Orléans, Roger-Gérard Schwartzenberg, qui a déjà publié une étude sur l'élection présidentielle de 1965, a tenté une radiographie de la campagne de 1969, pour découvrir - analyse du contenu et interview des principaux leaders à l'appui - les quelques éléments premiers à partir desquels se compose un président.
Sous l'historiette et l'anecdote, il présente en fait l'antirécit d'une élection présidentielle.